Carmilla, vampire lesbienne de la littérature gothique

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Vous connaissez sans doute Dracula de Bram Stoker, mais Carmilla de Sheridan Le Fanu vous est-elle familière ? Publiée en 1870, quelques années avant la créature de Stoker, cette œuvre mérite une plus large reconnaissance de part sa vision de la vampire femme et de par sa dimension saphique.

Résumé : Dans un château de la lointaine Styrie, au début du XIXe siècle, vit une jeune fille solitaire et maladive. Lorsque surgit d’un attelage accidenté la silhouette ravissante de Carmilla, une vie nouvelle commence pour l’héroïne.
Une étrange maladie se répand dans la région, tandis qu’une inquiétante torpeur s’empare de celle qui bientôt ne peut plus résister à la séduction de Carmilla…
Métaphore implacable de l’amour interdit, “Carmilla” envoûte jusqu’à la dernière ligne…jusqu’à la dernière goutte de sang! Maître du récit de fantômes et de vampires, l’Irlandais Sheridan Le Fanu est l’un des pionniers du roman de mystère anglais. “Carmilla” annonce le “Dracula” de Bram Stocker.

Carmilla est un court roman qui rassemble les ingrédients attendus du fantastique avec une atmosphère mystérieuse, un château isolé, une montée progressive de la tension entre les personnages… D’un côté, nous avons Laura, une jeune femme très naïve, et de l’autre, une invitée venimeuse qui sait user de ses charmes pour charmer sa proie.
Difficile de qualifier cette relation « d’amitié exaltée » comme les études se plaisent à le dire. Les deux jeunes femmes dépassent clairement les limites de l’amitié. La fascinante Carmilla envoûte Laura, tente de la séduire, ce qui constitue un outrage au temps de Le Fanu, les amours entre femmes étant intolérable pour la société. Sa nature de vampire n’est qu’une métaphore pour montrer le désir, la passion qui l’anime pour la mortelle. Cette dernière semble d’ailleurs bien troublée par ses élans passionnés : « On eût cru voir se manifester l’ardeur d’un amant. J’en étais fort gênée car cela me semblait haïssable et pourtant irrésistible. Me dévorant des yeux, elle m’attirait vers elle, et ses lèvres brûlantes couchaient mes joues de baisers, tandis qu’elle murmurait d’une voix entrecoupée : « Tu es mienne, tu seras mienne, et toi et moi nous ne ferons qu’une à jamais ! »
Inexorablement, Laure sombre dans l’apathie, comme si elle se laissait mourir d’amour. Je n’en dirai pas plus sur l’histoire afin de ne pas tout dévoiler.
A mon sens, Mircalla est une œuvre audacieuse pour son temps, même si elle ne fait qu’effleurer la romance lesbienne avec des passages ambigus à la sensualité bridée, censure de l’époque oblige.

Vous pouvez vous procurer l’ouvrage ici.
Si vous voulez poursuivre plus loin, je vous invite à découvrir ma réécriture moderne de Carmilla avec la duologie Les Nuits de Mircalla et Les Jours de Laure. Nourrie par cette frustration de « pas assez », j’ai décidé d’approfondir la relation passionnelle/conflictuelle entre la vampire et la mortelle et d’y ajouter quelques scènes ouvertement charnelles…

Les nuits de Mircalla_romance lesbienne
Les Jours de Laure_ebook